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Bienvenue Nous vous invitons à lire ici des articles clairs, concrets et efficaces, rédigés par les membres de l’équipe médicale du CIEM. Notre volonté est de vous sensibiliser à travers une information fondée sur nos compétences et notre expérience.
Bonne lecture.
L’équipe médicale du CIEM.

Probiotiques et microbiotes : les débuts d'une grande aventure

Le microbiote est l'ensemble des micro-organismes (bactéries, virus, levures) présents dans un écosystème, comme celui de l'intestin. Pour exprimer les anomalies pouvant survenir sur ce microbiote, on utilise le terme de dysbiose : déséquilibre du microbiote pouvant amener à des situations pathologiques ou mettre en danger l'hôte. Enfin le terme probiotique désigne des micro-organismes vivants qui, administrés en quantité adéquate, ont des effets bénéfiques sur l'hôte.

Nous hébergeons plusieurs microbiotes au sein de nos organes (principalement bouche, voies aériennes, vagin, peau et intestin). Au niveau de l'intestin cela représente environ 1 à 2 kg de notre poids corporel soit 104 micro-organismes représentant environ 1000 espèces bactériennes intestinales identifiées, soit 10 fois plus que nos cellules humaines. La présence des bactéries intestinales se trouve essentiellement au niveau du côlon.

Le rôle du microbiote est d'avoir une fonction de barrière, d'intervenir dans la production de certaines vitamines, d'être un moyen de défense contre les agressions microbiennes et contre les effets secondaires des antibiotiques. Le déséquilibre du microbiote est impliqué au cours de certaines maladies, comme les maladies inflammatoires de l'intestin (rectocolite hémorragique (RCH), maladie de Crohn), le syndrome de l'intestin irritable, dans le cancer du côlon mais aussi dans le diabète, l'obésité et l'autisme mais il n'a pas été établi encore de rôle causal.

Au niveau intestinal, le rôle des probiotiques est d'améliorer la barrière intestinale, de produire des substances antimicro-organismes afin de diminuer les effets des agents pathogènes et d'activer le système de défense immunitaire.

Comment peut-on faire la part des choses devant la multiplicité de probiotiques existant sur le marché ? La qualité d'un probiotique doit reposer sur 5 critères : la spécification du type de souche et de genre, le nombre d'unités formant les colonies, un dosage approprié stable et peu variable d'un lot à l'autre, un produit sûr et une efficacité prouvée par des études contrôlées. L'utilisation des probiotiques a été étudiée dans de nombreuses maladies digestives. De nombreuses études contrôlées ne montrent pas d'amélioration dans la maladie de Crohn que cela soit en utilisation dans les poussées ou pour maintenir une rémission de la maladie. Dans la RCH, un probiotique à multiples souches type VSL3 a été proposé pour maintenir les rémissions mais les résultats sont hétérogènes.

Dans la prévention de la diarrhée lors de la prise d'antibiotiques, aussi bien chez l'enfant que chez l'adulte, le bienfait de l'utilisation de Saccharomyces bourladii a été établi par de nombreuses études. En revanche, dans le traitement de la diarrhée aiguë de l'enfant, 2 études récentes n'ont pas montré de résultats supérieurs au placebo.

Dans les troubles fonctionnels intestinaux, il existe une multitude de souches. Une méta-analyse répertoriant une vingtaine d'études montre que l'utilisation des probiotiques dans cette indication est globalement efficace. Certaines souches font mieux que le placebo et sont actives non seulement sur les douleurs abdominales et les ballonnements mais aussi sur le transit.

Actuellement, les chercheurs étudient l'hypothèse d'une modulation du microbiote intestinal dans l'obésité. Diverses souches probiotiques ont déjà été évaluées comme thérapeutiques dans des modèles animaux d'obésité. Chez les humains, bien que la preuve soit encore limitée, les quelques essais humains sont encourageants et semblent très prometteurs en ce qui concerne l'efficacité des pré et/ou des probiotiques comme agents anti-obésité.

La recherche dans le domaine des probiotiques n'en est qu'au tout début. A ce jour il faut retenir qu'ils sont efficaces dans le syndrome de l'intestin irritable et dans la prévention de la diarrhée lors de la prise d'antibiotiques. Bien sûr, les souches utilisées doivent avoir fait la preuve de leur efficacité par des études contrôlées. Ceci n'est pas le cas dans la majorité des souches proposées dans les pharmacies car il s'agit de compléments alimentaires qui ne nécessitent aucune autorisation de mise sur le marché.

Dr Franck Iglicki - Médecin interniste au CIEM
Dr Franck Iglicki
Médecin interniste au CIEM
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