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Bienvenue Nous vous invitons à lire ici des articles clairs, concrets et efficaces, rédigés par les membres de l’équipe médicale du CIEM. Notre volonté est de vous sensibiliser à travers une information fondée sur nos compétences et notre expérience.
Bonne lecture.
L’équipe médicale du CIEM.

Les « nouvelles addictions »

Pendant longtemps, on s'est focalisé sur les dépendances à l'alcool, au tabac et aux drogues illégales comme l'héroïne ou la cocaïne. Puis le concept s'est élargi et a intéressé le cannabis, longtemps sous-estimé, et les drogues de synthèse telles l'ectasy.

Mais aujourd'hui, le corps médical s'intéresse au comportement addictif de façon plus générale, sans forcément de lien avec un produit.

L'addiction, c'est la perte de contrôle et le besoin irrésistible et obsédant de passer à l'acte. Et l'impossibilité répétée de contrôler un comportement en dépit de ses conséquences négatives.
Jeux d'argent, nourriture, sexe, jeux vidéo… de plus en plus d'individus en deviennent dépendants et voient leurs vies modifiées par ces comportements de dépendance ou au moins de perte de contrôle.

La dépendance aux jeux en ligne et à internet, dont l'offre est très large actuellement, peut passer initialement pour une consommation anodine et volontiers récréative. Mais quand l'envahissement de la sphère personnelle, avec un isolement, une perte du lien social, une mise en danger parfois de la vie professionnelle, est constaté (jusqu'à des endettements majeurs en cas de jeux d'argent), il s'agit bien d'une perte de contrôle. Cette addiction aux jeux d'argent, en ligne ou non, a été une des premières addictions comportementales reconnue. Elle concerne majoritairement les hommes.

L'addiction au sexe n'est pas intégrée dans les classifications psychiatriques internationales et cela sûrement parce qu'il convient de rester prudent quant aux normes et jugements portés sur des pratiques non interdites par la loi. Mais quand il y a une altération du comportement, une souffrance significative, quand la fréquence des rapports sexuels, des besoins, devient croissante, échappe au contrôle, on parlera de comportement pathologique. Femmes et hommes sont concernés mais avec une très large prédominance masculine (30 hommes pour une femme).
Il existe essentiellement 3 symptômes cliniques de cette addiction au sexe : la masturbation compulsive, le changement inlassable de partenaire, le mésusage de la pornographie.

L'addiction à la nourriture, différente de la boulimie, est en train de devenir un enjeu de santé publique. La composition de certains aliments, riches en sucre et en graisse, pourrait être en partie responsable de cette dépendance. En effet, plus l'aliment ingéré est riche, plus il entraîne une excitation du système de la récompense et empêche le cerveau de jouer son rôle de coupe-faim, dépassé par le taux de dopamine et d'endorphines secrété.

Quand il s'agit de surconsommation de « malbouffe », on parle de bingefooding, qui concerne environ 5 % de la population américaine, essentiellement des femmes, et favoriserait l'épidémie mondiale d'obésité (1 adulte sur 10 est obèse dans le monde, 60 % de la population européenne sera obèse en 2050).

Enfin la nomophobie, ou dépendance au smartphone, touche de plus en plus d'individus et les adolescents (parfois dès 10 ans). Elle est à l'origine d'une perte de qualité de vie quand le temps passé sur le portable met en danger les relations familiales et conjugales, ou plus directement la santé quand le téléphone est utilisé en voiture. Les adolescents dépendants voient leurs performances scolaires diminuer. Mais les adultes sont aussi concernés avec une altération de leur concentration. 43 % des Français âgés de 18 à 24 ans affirment avoir des difficultés avec leur entourage à cause d'une utilisation excessive de leur portable. En moyenne, ils le vérifieraient 50 fois par jour. Une recommandation simple pour les personnes dépendantes de leur smartphone : éteindre les notifications qui annoncent une « récompense » et dont on ne peut plus se passer !
Et concentrons-nous sur l'éducation de nos enfants en leur faisant comprendre que l'on peut vivre quelques heures sans portable, mais sans leur en interdire complètement l'usage et sans en faire un bouc émissaire : c'est un outil, utile, ce n'est pas l'appareil qui est responsable de leurs actes mais ils doivent apprendre à bien l'utiliser.

Chaque addiction et chaque patient sont uniques, avec ou sans pathologie psychiatrique associée.
Les études scientifiques suggèrent cependant que ces addictions comportementales ressemblent fortement aux dépendances à l'alcool ou aux drogues. Avec des facteurs de vulnérabilité semblables : biologiques, psychologiques, environnementaux.
Des consultations spécialisées existent actuellement dans les hôpitaux, pour les individus cherchant de l'aide et souhaitant entamer un processus de changement.

Dr Violaine GONON - Médecin interniste au CIEM
Dr Violaine GONON
Médecin interniste au CIEM
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